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Elle est déjà venue le matin. Elle a fait tout exprès un long voyage. D’ailleurs, elle a écrit au citoyen Marat, par la petite poste. Elle veut savoir au moins s’il a reçu sa lettre. La plieuse, tout en continuant sa besogne, réplique non moins haut que le citoyen Marat reçoit beaucoup de lettres et qu’on ne peut pas la renseigner.

Mais Simonne Evrard apparaît. Marat a entendu la discussion, Il vient de recevoir la lettre de la petite poste. Il a donné l’ordre de faire entrer la citoyenne. Enfin !…

La jeune femme la précède, traverse deux petites pièces et la laisse dans la salle de bain. C’est un cabinet étroit, presque obscur. Le jour à son déclin n’y pénètre que par une croisée à carreaux verdâtres. L’air humide et chaud sent le marécage. On a l’impression d’être au fond de l’eau. À gauche, Charlotte discerne enfin Marat dans son « sabot » de cuivre.

Il est vêtu d’un peignoir. Une serviette mouillée lui entoure la tête. Des journaux, des papiers couvrent une planchette posée en travers de la baignoire. Près de lui, un billot de bois supporte l’encrier.

Il lui indique d’un geste l’unique chaise,