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vrait recevoir la sienne vers sept heures. Elle se présentera donc chez lui à sept heures et demie.

Elle prévoit même le cas où cette première lettre ne lui parviendrait pas. Elle en écrit une seconde, qu’elle emportera elle-même rue des Cordeliers et qu’elle lui fera remettre au besoin. Là encore, elle ruse avec Marat, elle flatte ses prétentions. Cette fois, elle feint de le croire sensible et bon.

« Je vous ai écrit ce matin, Marat. Avez-vous reçu ma lettre ? Puis-je espérer un moment d’audience ? Si vous l’avez reçue, j’espère que vous ne me refuserez pas, voyant combien la chose est intéressante. Suffit que je sois bien malheureuse pour avoir droit à votre protection. »

L’attente est longue, dans cette fade chambre d’hôtel. Elle y étouffe. Cependant, elle n’en veut pas sortir. Rien ne l’appelle dehors. Seul, son but l’attire. À quoi bon amasser des souvenirs ? Dans trois jours, sans doute, ils auront disparu avec elle.

Détachée de tout, elle apporte cependant à sa toilette un soin minutieux. Une fois encore sa coquetterie s’éveille aux grandes heures. Le matin, décidément, elle était trop sobrement