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monstres ? Mais en rencontra-t-il de si odieux ?… »

De quel élan elle immole ses jours à son humaine tendresse : « Ô ma Patrie, tes infortunes déchirent mon cœur. Je ne puis t’offrir que ma vie et je rends grâce au ciel de la liberté que j’ai d’en disposer. Personne ne perdra par ma mort… Je veux que mon dernier soupir soit utile à mes concitoyens, que ma tête, portée dans Paris, soit un signe de ralliement pour tous les amis des lois, que la Montagne chancelante voie sa perte écrite avec mon sang, et que l’univers vengé déclare que j’ai bien mérité de l’humanité… »

À cette Adresse, elle a épinglé son acte de baptême. Car elle ne sera pas, comme elle le croyait d’abord, massacrée par la foule des tribunes. Elle ne pourra pas, comme elle le voulait, rester ignorée dans la mort. Obligée de se présenter chez Marat, elle devra sans doute se nommer. Elle sera arrêtée, jugée. Bref, on la connaîtra. Mieux vaut donc qu’on apprenne par elle-même et tout de suite ce qu’elle pense, et qui elle est.

Elle arrive au Palais-Royal avant huit heures. Les boutiques ne sont point encore ouvertes, ni dans les galeries de bois, ni sous