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amis, lui donna un nom qu’elle n’avait jamais entendu et enfin lui offrit sa fortune et sa main.

À l’un des relais, comme il l’importunait décidément par son insistance, elle lui dit : « Nous jouons parfaitement la comédie. Il est malheureux, avec autant de talent, de n’avoir pas de spectateurs. Je vais chercher nos compagnons de voyage pour qu’ils prennent leur part du divertissement. »

Il comprit la leçon, cessa le jeu, se bornant à soupirer pendant la nuit des chansons plaintives, « également propres à exciter le sommeil ». Pourtant, aux approches de Paris, elle subit encore un assaut du fâcheux. Elle dut lui refuser son adresse et celle de son père. Car il tenait décidément à la demander en mariage.

Charlotte n’était jamais venue à Paris. Elle y connaissait bien quelques personnes qui auraient pu lui servir de guides. Mais elle était résolue à garder toute son indépendance, à agir seule. Aussi, nul n’était prévenu de son arrivée. Nul ne l’attendait au saut de la voi-