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reconnaissance l’attachent à la bonne dame. Charlotte ne sait-elle pas par Augustin Leclerc que sa tante a testé en sa faveur, lui lègue tous ses biens ? Elle aurait pu, dans la ville, faire figure de riche héritière…

Mais c’est peut-être à Augustin Leclerc qu’il lui coûte le plus de dissimuler la vérité. Ne l’a-t-il pas éclairée ? Ne se sont-ils pas mutuellement exaltés dans l’amour de la pure Révolution, la ferveur pour les Girondins, surtout dans la ruine de Marat ? Mais elle s’est promis de ne révéler son secret à personne au monde. Elle se tiendra parole.

De sa chambre, elle aperçoit dans la cour intérieure le jeune Louis Lunel, le fils du menuisier. Elle l’appelle, descend pour la dernière fois le petit escalier tournant aux degrés de pierre, donne à l’enfant quelques-uns de ses dessins, un porte-crayon : « Sois bien sage. Embrasse-moi. »

Mais le petit chien de la maison, Azor, veut la suivre. Dans d’allée qui débouche rue Saint Jean, rôde la chatte, Ninette. Elle les aime. Elle les caresse doucement. Ce sont les seuls êtres à qui elle ne soit point obligée de mentir, au moment de les quitter à jamais…