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De fête en fête, d’hécatombe en hécatombe, le capital miné par tous les crimes qu’il fait commettre, rongé par ses propres actions, n’a plus qu’à disparaître.

Le grotesque est venu, c’est Harpagon se volant lui-même, aussi bien que Chylot se payant de chair vive, le voilà enfin acculé comme un chien enragé devant la nécessité pour le travail de se préserver de la mort.

Il est tout surpris, le travail, s’apercevant que rien ne peut exister sans lui ; qu’ayant tout produit, toujours accablé de misère et de faim, il a, lui, un héritage réel, celui qu’il produit sans cesse qui est du reste celui de tout homme (il n’entre pas dans l’esprit communiste de refaire des privilèges et des castes).

La prise de possession par le travail, la science, les arts, de tout ce qui leur appartient, c’est-à-dire du sol pour le rendre fécond ; des machines qui multiplient la production et diminuent les heures de travail.

Des forces de la nature pour s’en servir ainsi que d’outils dociles et puissants.

Le capital livré à lui-même est stérile comme le roc de granit, Dieu moderne aussi illusoire que toutes les divinités pour lesquelles on a couvert la terre de ruines, on commence à le reconnaître aussi fictif que les cordons de poil de roussette qui servent de monnaie aux canaques.

Si les produits de l’industrie humaine, entassés à l’exposition, ont été d’un fructueux rapport pour les caisses déjà trop pleines, elle a eu cet immense avantage de prouver combien les découvertes peuvent multiplier à l’infini les ressources de l’humanité ! la chose est simple et concluante.

Deux choses entre autres frappaient à cette exposition.

Dans la galerie des tableaux, le retour de chasse, c’est l’époque du renne ; plus loin, peut-être au fond des âges, le mâle a jeté à terre la proie saignante, il a sur le visage une seule chose, la force calme, la force à l’aurore du monde — la famille, peut être la tribu sont déjà nées, — la force ne sert encore qu’à rendre dans la rude nature la vie