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Heureusement, on ne peut pas vivre les jours d’autrefois et le vieux monde, pareil aux arbres cent fois séculaires, va d’un instant à l’autre tomber en poussière.

Le pouvoir est mort, s’étant comme les scorpions tué lui-même ; le capital est une fiction, puisque sans le travail il ne peut exister, et ce n’est pas souffrir pour la République qu’il faut ; mais faire la République sociale.

Le malheureux père, qui donne ces jours-ci à son fils, un verre d’acide sulfurique pour un verre de vin blanc n’était pas coupable, l’enfant n’en périt pas moins, il en est de même de ce régime de grands chemins qu’on présente comme la République, on croit trouver la vie, c’est la mort. Il n’existe aucune différence entre un empire et tout gouvernement régi par les mêmes moyens, si ce n’est le titre et la quantité des souverains. Notre République a des rois par milliers.

Ce qui pourrait s’appeler respublicæ ce serait la chose de tous, l’humanité libre sur le monde libre.

Le travail mort, la misère, immense pour les peuples ; l’abondance et le bon plaisir pour les maîtres, tels sont dans le monde entier les gouvernements. Vous avez beau appeler cela de tous les noms possibles, ils ont les mêmes, ce sont donc des empires autrement habillés.

Nous aurions tort cependant de ne pas reconnaître combien est grande la logique des choses ; plus de préjugés sont tombés cette année que nous n’en avions vu disparaître pendant toute notre vie, — ce n’est pas que nous les avons détruits, ceux à qui profitent ces préjugés les ont tellement pressurés, ils en ont tellement fait des vaches à lait que les plus naïfs ouvrent les yeux — les cordes trop tirées cassent de toutes parts.

Peut-on encore parler du suffrage universel sans rire ? tous sont obligés de reconnaître que c’est une mauvaise arme ; que du reste le pouvoir en tient le manche, ce qui ne laisse guère aux bons électeurs que le choix des moyens pour être tonquinés ou endormis.