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piège ou aux chiens, n’est pas dupe une seconde fois. Les hommes seuls subissent éternellement les mêmes douleurs, n’ayant jamais voulu changer les conditions qui les produisent.

Il faudra bien qu’enfin le nid de l’humanité soit sur une branche solide, il faudra bien qu’on en change la base au lieu de perdre le temps à placer autrement les brins de paille.

La base ce sera la justice égalitaire au lieu de la force.

Ce n’est pas nous qui faisons ce nouvel ordre de choses, c’est l’heure, les circonstances s’entassent ; la lutte du désespoir, sans peur et sans merci, est maintenant raisonnée. Ce n’est plus le troupeau humain que la force comme un belluaire peut abattre ; c’est la jeune humanité se levant à l’aube toute prête à terrasser les monstres ; armée par la science de moyens invincibles.

Il faudra bien alors que des fructidors magnifiques et paisibles donnent à tous le grain qui germe aujourd’hui dans le sang des foules.

Savoir, vouloir, oser se taire, disait l’Égypte des sphynx ! Nous savons notre but, c’est la délivrance de tous, par tous, nous le voulons et nous l’oserons. Quant à nous taire, c’est là où nous différons des sphynx, car le plus haut possible nous le crions aux privilégiés pour qu’ils comprennent l’iniquité de l’ordre de choses qui les protège ; aux déshérités pour qu’ils se révoltent.

N’est-ce pas un crime d’attendre pendant que des millions d’êtres sont écrasés sous la meule de misère comme un froment humain, comme les grappes au pressoir ; c’est sous cette forme que le monde bourgeois mange son pain et boit son vin, il commence ainsi sous les deux espèces.

Considérons les choses de sang-froid : ceux qui ont vu des incendies de fermes savent que dans ces occasions on a beau chasser les chevaux affollés ; ils se plongent dans les flammes plutôt que de quitter l’écurie qui croule sur eux ; eh bien, une partie de la grande foule est ainsi.