Page:Michel - Prise de possession.djvu/24

Cette page a été validée par deux contributeurs.

leurs fortes dents blanches de paysans et s’abreuvaient de leur propre sang.

On leur promit de la nourriture pour le soir et en même temps, la mort de Georges Dosa, l’un des plus ardents instigateurs de la révolte, fut fixée pour le même soir.

Dans la grande salle du palais de Hongrie, éclairée aux flambeaux, était dressé un trône de fer rougi ; Georges fut amené le premier, on lui ordonna de s’asseoir ; n’était-ce pas lui qui avait appelé les autres à la révolte.

Fier comme s’il eut à la fois tous les courages de ceux qui se levaient pour la liberté, il s’assit en silence et nulle plainte ne trahit sa douleur.

Les bourreaux lui tendirent la couronne de fer rougie comme le trône, il la posa sur sa tête.

Les bourreaux tremblaient en lui tendant le sceptre de fer rougi qu’il prit également.

Alors on fit entrer les huit autres condamnés ; quelques-uns devenus fous de douleur marchaient sur les mains, chassés par les fouets des valets.

Le dernier, grand vieillard aux cheveux blancs se tenait debout, on pouvait compter les muscles et les os sous sa peau desséchée.

Le vieux marcha droit à Georges et posant les mains sur le trône brûlant, il commença d’une voix âpre la chanson des Jacques de Hongrie.

Les valets qui chargeaient à coups de fouets les moribonds pour les forcer à mordre la chair de leur camarade avaient peur de ce supplice muet, et de ce vieillard chantant à l’agonie le lever de l’ère de justice.

Les malices effrayés plus encore que les valets élevèrent leur férocité à la grandeur de leur effroi. Les paysans compromis dans la révolte, furent empalés, écorchés vifs ou attachés à des roues de moulins.

Mais plus terrible en est venu jusqu’à nous l’écho de la chanson des Jacques.