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Le corps est jeté à l’eau, la tête reprise au chien, envoyée comme trophées, je ne sais où, et ce crime va commencer de nouvelles scènes de représailles jusqu’à ce que le Tonkin s’effondre sous les cadavres ou jusqu’à ce que le monde soit libre. — En avez-vous assez, de ces horreurs ? Voulez-vous, compagnons, le travail et le pain de toute une classe valent bien ce coup de collier.

Pourtant, si cela vous plaît, prolétaires du monde entier, restez comme vous êtes — peut-être que dans une dizaine de mille ans vous aurez réussi à hisser au pouvoir trois ou quatre des vôtres ; ce qui vous fait espérer une majorité socialiste dans vingt-cinq à trente mille ans.

Mais à mesure qu’ils entrent dans cette caverne incrustative, tous sont revêtus de la même pétrification, peut-être aussi, camarades, la comédie parlementaire vous amuse, et pour peu qu’il vous plaise d’imiter le jeune Détulli, vous auriez une partie de ce qu’il fallait à la ruine de la décadence, les spectacles, quand au pain, n’y comptez pas.

Ne comptez pas non plus sur l’abri.

Par cinq cents à la fois, la rafle prend les traîne-misère qui se permettent de dormir sans toit ; leur silhouette hâve et maigre se dessine lugubrement et les bourgeois attardés, voyant passer les gens de mauvaise mine, hâtent le pas, assailli de terreurs, tandis que les escarpes et grinches de millions passent salués jusqu’à terre par bêtise humaine.

L’une chargé de reliques sera éternellement vrai.

Pourtant il existe des ressources mises à profit largement par les désespérés, dans la Seine profonde et large, on peut boire largement, on peut dormir sans crainte du réveil.

La prison aussi est ouverte, pas toujours cependant, certains ont bien de la peine à s’arranger pour y passer l’hiver.

Qu’y ferait-on de ceux qu’on ne craint pas ! La misère les a domptés, qu’ils crèvent où ils pourront, le pouvoir n’est pas atteint.

C’est l’hiver temps de fêtes pour ceux qui s’amusent, quant