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Des complices ! chose insupportable à Davys-Roth. — Le fanatisme était mort avec son grand-prêtre. Mais ayant bien réfléchi, l’abbé se dit que son premier moyen seul était bon ; il fallait y revenir à condition d’agir vite, de ne pas manquer son coup et de prendre la fuite une fois débarrassé de ceux qui le gênaient. Mais comment faire de nouvelles expériences, s’il avait été vu ? L’abbé fit l’inspection de sa chambre, où il regarda partout (à part la fente de Grenuche), il est vrai que c’était un peu haut. L’abbé allait renouveler l’étude de ses mixtures, quand une réflexion l’arrêta : s’il avait été vu, il serait vu encore ; au lieu d’ouvrir ses armoires, il se jeta dans un fauteuil et rassembla ses idées. Ah ! pensait Grenuche, le camarade a quelque chose ! J’avais raison de flairer du mauvais là-dessous. La journée se passa comme à l’ordinaire, il se retira de bonne heure dans sa chambre. Vers huit à neuf heures, l’abbé souffla la lampe et se jeta à demi déshabillé. sur son lit. C’est pour dérouter, pensait Grenuche. Il eut la patience d’attendre, à son trou, ce que ferait son voisin quand il serait bien sûr d’être sans surveillance. Il attendit jusqu’à minuit ; Philippi, sûr enfin que les observateurs, s’il y en avait, se seraient lassés, se leva sans bruit, ouvrit un placard et glissa de petites fioles dans les poches de ses vêtements. — Tiens ! tiens ! je ne me trompais pas, se disait Grenuche ! L’abbé sortit à son heure ordinaire. A peine s’il était hors de sa chambre que le père Guillaume entra dans celle de Grenuche. Eh bien ? demanda-t-il. Eh bien ! notre homme ne pense pas en rester aux cochons d’Inde et aux lapins ; il a mis ses fioles dans ses poches. Cela ne dit rien encore. · Non, s’il les avait prises sans formalités ; mais ce n’est qu’assuré de ne point être vu. Ce que je lui ai dit l’aura effrayé et décidé en même temps ! Vous nous avez rendu un fier service, mon brave. Tant mieux ! dit Grenuche tout en engloutissant les vivres que lui apportait le père Guillaume. Désirez-vous autre chose ? demanda celui-ci ? Ma foi ce n’est pas de refus ; j’ai rarement mangé à ma faim ! et puis cela distrait quand on n’a rien à faire. Je ne suis pas un penseur, moi. Vous ennuyez-vous ? Ma foi non ; je n’ai pas souvent non plus dormi à mon aise ; toujours j’étais à l’affût de quelque chose pour vivre, ou quelqu’un était à l’affût sur moi ; c’est bon de se reposer un peu. Vous êtes dans le vrai, dit le père Guillaume ; tout le mal vient de ce que