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LA MISÈRE

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Pardine ! Nous parlons de M. Gustave, du marquis de Bergonne… »

  • Valentine pâlit. »

Tu te trompes, » reprit-elle, « ce n’est pas Gustave qui nous a tiré des griffes de Madozet. > « Et qui done ? » « Un de ses amis, Nanette, un de ses amis, celui dont nous avons admiré l’adresse et le courage le jour de l’inondation. T’en souviens-tu ? C’est à celui-là. que nous devons tout, non à M. de Bergonne. » « Du tout ! du tout ! c’est à lui, à lui seul ! Le jeune homme qu’il a envoyé n’est que son secrétaire. Car il a un secrétaire, voyez-vous ; il a tous les domestiques imaginables. » << Valentine pâlit. Mais Nanette n’y fit pas attention, tant elle était occupée des merveilles dont elle avait à parler. > << Elle poursuivit : < Chez lui, mesdemoiselles, il y a des tapis partout, des glaces, des lustres et des tableaux comme dans une cathédrale. Et, au milieu de tout ça, LUI si gentil, si peu fier, que c’est un plaisir de lui parler. Ah ! aussi, quand le curé, qui l’a éduqué, en me voyant tout en larmes, l’a eu fait venir, je n’ai pas eu peur pour lui expliquer l’état de nos pauvres affaires. ▸ « Valentine était atterrée. » • La servante continua : - » > Oh ! si vous l’aviez vu ! J’ai cru qu’il allait m’embrasser. Il disait à L’AUTRE, en écrivant tout hors de lui : « < Voilà le reçu. Cours chez le banquier ! Pars tout de suite ; crève mon meilleur cheval, mais arrive à temps. » «  Le secrétaire, il faut lui rendre cette justice, — le secrétaire est parti comme un tourbillon. Et lui, ce marquis du bon Dieu, me disait : « — O Nanette ! soyez bénie pour avoir pensé à moi dans le péril de la RocheBrune ! » « En voilà un brave jeune homme ! et qui fera un bon mari, » ajouta la gouvernante. «  Le comte entrait. » Nanette, » dit-il en lui serrant les mains, « Nanette, je ne regrette pas de n’être plus riche, l’or ne payerait jamais ce que nous te devons ! Mais j’aime. rais bien à m’acquitter le plus tôt possible envers M. de Bergonne. » «  « (Ce ne sera ni long ni difficile, si vous voulez. » Comment ça ? » Donnez-lui Valentine pour femme ! » > • La jeune fille eut un frisson qui la fit tressaillir. » « Avec le tact particulier à toutes les femmes, la servante devina le sens de ce tressaillement. » « -> Comment ! » fit-elle en joignant les mains, il vous déplairait donc d’être marquise de Bergonne avec plus de deux cent mille francs de rente ? » Mais tu arranges tout cela au gré de tes désirs, ma pauvre amie, » dit le