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gardes. L’étoffe dont on se servit fut le tabis, sorte de tissu de soie très-léger ; malheureusement l’usage n’en fut pas général, et l’on chercha, à la même époque, à donner aux gardes une apparence de richesse par de nouveaux papiers remplaçant le papier peigne. On fit dans ce genre des tentatives de toute sorte : papiers frappés, gaufrés, repoussés ; papiers métalliques, or et argent, etc. On rencontre parfois sur certains de jolis dessins empruntés aux étoffes, mais les couleurs sont toujours du plus mauvais goût. Quant aux papiers à semis d’or, fleurettes ou étoiles, ils n’auraient jamais dû servir qu’à fabriquer des cartonnages. Les papiers métalliques, auxquels on renonça promptement du reste, s’oxydèrent et attaquèrent les maroquins de couleur claire ; de charmantes doublures ont été ainsi complètement perdues.

Employé en reliure dès les premières années du dix-septième siècle, le papier peigne devint bientôt d’un usage général ; les relieurs étaient heureux de trouver un moyen de dissimuler l’auréole grasse que faisait bientôt le rempli du cuir sur les gardes de papier blanc employées jusqu’alors. Cette tache n’atteignait pas seulement les gardes, mais pénétrait promptement dans les premiers feuillets du livre.

Vis-à-vis d’une doublure de maroquin, tous les papiers peignes sont non-seulement laids, mais d’un emploi déplorable à tous les égards ; on s’en sert parce que tel est l’usage, la routine. De même qu’en vivant avec une personne laide on cesse, paraît-il, de s’apercevoir de sa laideur, les bibliophiles vivant au milieu de leurs livres ne sont pas choqués par la vue du papier peigne. Mais ouvrez devant un artiste un volume dont la doublure recouverte d’une riche dorure