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grandes plaques à combinaisons du « Sacre », Padeloup, Derome et Vente, à la fois libraire et relieur, envoyèrent dans ces ateliers (la même plaque est tirée sur des livres portant ces diverses signatures). Ces ateliers furent la perte de la dorure.

Il y eut cependant, à cette époque, un doreur qui sut profiter des tentatives que Padeloup avait faites, lui prendre ses qualités en lui laissant son éclectisme ridicule. Sans avoir comme dessinateur plus de savoir, il eut plus de bon sens que lui dans le choix de ses emprunts, et fit preuve à un plus haut degré que Padeloup d’une qualité précieuse que l’étude ne peut donner, le sentiment de l’arrangement des couleurs. Aussi a-t-il laissé des œuvres d’une saveur et d’un charme particuliers, malgré sa maladresse d’exécution.

Les amateurs de goût les recherchent avec ardeur, au milieu de la quantité des œuvres mauvaises qu’a produites le dix-huitième siècle. Ces mosaïques sont remplies de dorures, et les sablés d’or dont les fonds sont couverts rendent la transition douce entre les tons clairs des fonds et les rouges ou verts francs employés pour la mosaïque ; enfin les motifs, empruntés souvent aux faïences du temps, les montrent bien dans le goût de leur siècle, qualité immense dont Padeloup et beaucoup de ses imitateurs semblent ne s’être jamais doutés.

Ce doreur a peut-être travaillé chez Jacques-Antoine Derome ; mais nous serions plutôt portés à croire que ce fut un ouvrier libre, car si nous avons reconnu sa main sur des livres portant l’étiquette de J. A. Derome, nous l’avons aussi retrouvée sur des livres non signés, différents de corps d’ouvrage, et dont quelques-uns ont été faits après 1761.