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ce volume « Florimond Badier, inv. et fecit », et cela en lettres énormes. Fecit, malheureusement ; invenit, jamais !

Ce n’est donc pas par le dessin des fers, leur gravure (le Gascon augmenta successivement sa collection), que l’on peut décider que tel ou tel volume est sorti de ses mains habiles, mais par l’examen de la manière dont les filets des entrelacs ont été poussés.

Les entrelacs des le Gascon présentent, comme ceux des grandes dorures de la Renaissance, de sérieuses difficultés d’exécution. Nous voyons avec regret, chez des relieurs renommés qui devraient tenir à honneur de conserver les traditions des grands artistes qui ont honoré notre profession, s’accentuer chaque jour cette tendance à se servir de motifs tout gravés pour faire ces entrelacs. De là à employer des plaques, il n’y a qu’un pas. Ces doreurs donnent pour excuse qu’ils les reprennent ensuite à petits fers ; qu’importe ! non-seulement, en supprimant la difficulté, ils auront supprimé l’art ; mais en produisant sans efforts, ils resteront médiocres et amèneront fatalement la décadence. Si ces considérations élevées ne les touchent pas, ne voient-ils pas qu’ils abusent de la confiance des amateurs, à qui ils laissent vanter et payer comme une œuvre artistique une production mécanique ? Que dirait-on du marchand qui vendrait pour une miniature une photographie coloriée avec art, sous le prétexte que le client ne peut juger de la différence ?

Il faut laisser ces procédés à la reliure courante, qui, par la modicité de ses prix et le nombre des exemplaires qu’elle tire d’un même dessin, ne trompe personne. Les entrelacs doivent être exécutés à filets, les fers ne doivent servir que pour les remplissages.