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ture régulière et bonne aurait permis de faire des dos très-corrects, et dont les grandes qualités de corps d’ouvrage ne peuvent être appréciées quand on les voit couvertes ! La plupart des défauts qu’elles semblent avoir ne viennent que du mauvais emploi des cuirs ; aussi l’honneur sera-t-il grand pour les relieurs actuels d’avoir enfin donné à cette part si importante de la reliure du livre tout le fini dont elle est susceptible.

Au seizième siècle, les gardes sont en général de papier blanc, quelquefois de vélin ou de parchemin. Les livres doublés de cuir, veau ou maroquin sont rarissimes ; il y en a quelques-uns ; mais pour certains que l’on a donnés comme tels, les prétendues doublures ne sont que des couvertures empruntées à d’autres livres et appliquées avec plus ou moins d’adresse sur le contre-plat.

Les tranches sont souvent fort belles, et la mode de les couvrir de dessins est presque aussi ancienne que la reliure elle-même. Le volume de Louis XII, que nous avons déjà cité ( Bibliothèque Mazarine), a une tranche ciselée reproduisant un motif gothique.

Les grandes Reliures de Henri II sont ornées sur les tranches de chiffres, d’emblèmes, et les arabesques ont été composées par les dessinateurs qui firent les ornements des plats ; ce furent les doreurs qui les ciselèrent eux-mêmes, car ils interprétèrent les mêmes formes d’une manière identique. De là les grandes qualités d’ensemble qui font de ces œuvres des objets d’art de la plus haute valeur. Apprendre à se servir du petit marteau et du mattoir était un jeu pour des artistes qui maniaient leurs filets avec une si étonnante habileté.