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de mort brodées sur ses habits ; mais il fallait autre chose à sa jeune sœur, l’élégante et folle Marguerite. Aurait-elle accepté de voir ses poëtes favoris dans d’aussi tristes habits ?


Fin du seizième siècle. Détails de « Fanfares ».
Fin du seizième siècle. Détails de « Fanfares ».

On créa donc pour elle, tout en se servant du canevas habituel, des reliures qui prirent un tout autre aspect.

On introduisit dans les compartiments des fleurons, des fleurettes, où la marguerite est naturellement répétée sous toutes les formes, et les fonds furent couverts de branches de feuillage. Ce fut là une des plus heureuses inspirations des doreurs français. Ces reliures eurent un succès inouï ; ce fut une mode, une fureur ; les volumes que l’on attribue aux Èves [1] sont de cette école, et l’on en fit dans les vingt dernières années du seizième siècle dont la complication est vraiment prodigieuse. Henri III posséda cependant quelques beaux volumes de ce genre, parmi lesquels nous citerons les Heures de Nostre-Dame à ses armes, aujourd’hui chez M. L. Double.

Les plus anciennes de ces reliures, dites aujourd’hui « à la Fanfare », se distinguent facilement à la présence dans les compartiments de fers azurés copiés sur ceux de l’école lyonnaise. Dans celles de la seconde manière, les plus belles, les entrelacs sont d’une grande richesse, les branchages aux feuilles petites sont plus importants, et les tortillons, ou spires, coupés de culots azurés. Les fers sont devenus de petits fleurons, les fleurs et

  1. Voir aux Notes.