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Ce fut à la fin du règne de Charles IX que l’on employa pour la première fois ces entrelacs géométriques, aux compartiments vides, qui tranchaient si complètement avec tout ce qui avait été fait jusqu’alors.

On verra par la suite tout le parti que les relieurs tirèrent de cette disposition nouvelle.

Henri III s’appropria ce genre de décoration, et fit placer dans les compartiments du dos, presque toujours sans nerfs, ses sinistres emblèmes, des têtes de mort, des os, avec la devise : Spes mea Deus, et au milieu des plats le crucifiement.

Nous donnons la reproduction d’une de ces reliures. (Pl. VI.)

Il existe également des volumes de Henri III avec bandes portant les emblèmes de la Passion alternés. On peut y voir jusqu’au coq du reniement de Pierre. Au milieu des plats, un fer symbolique composé de la croix, la lance, l’éponge et la couronne d’épines ; ou bien encore, le grand squelette s’appuyant d’une main sur une faux, et tenant de l’autre un sablier, comme dans le Psaultier de David, Paris, 1556, que possède la Bibliothèque Mazarine. Le fond est souvent rempli par un semis de larmes. La riche collection de M. le baron James de Rothschild renferme aussi un Pseautier de David, Paris, 1586, in-4o, sur le plat duquel est tiré le grand squelette. Les volumes ainsi décorés se rencontrent en assez grand nombre ; ce sont des reliures singulières que l’on doit rechercher comme curiosités historiques, mais elles ne sont certes pas de bon goût.

L’emploi des emblèmes est un puissant moyen de décoration ; cependant il n’en faut pas abuser à ce point, et les