Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/60

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le sentiment populaire était avec eux, devinant sous les impostures officielles la vérité qui depuis, éclata au grand jour de la publication des dépêches officielles.

Dans l’enquête officielle sur la guerre de 71 apparaît la vérité telle qu’on la jugeait à travers tout.

Voici quels étaient les renseignements envoyés des provinces de l’Est au ministère de la guerre, lequel assurait que pas un bouton de guêtres ne manquait à l’armée et faisait bon marché des réclamations.

« Metz, 10 juillet 1870.

» Le général de Failly me prévient que les 17e bataillons de son corps d’armée sont arrivés et je transcris ci-après sa dépêche qui a un caractère d’urgence.

» Aucunes ressources, point d’argent dans les caisses, ou dans les corps, je réclame de l’argent sonnant. Nous avons besoin de tout sous tous les rapports. Envoyez des voitures pour les états-majors ; personne n’en a, envoyez aussi les cantines d’ambulance. »

Le 20 juillet suivant, l’intendant général Blondeau, directeur administratif de la guerre, écrivait à Paris.

« Metz, le 20 juillet 1870, 9 heures 50 du matin.

» Il n’y a à Metz ni sucre ni café, ni riz ni eau-de-vie, ni sel ; peu de lard et de biscuit. Envoyez d’urgence au moins un million de rations sur Thionville. »

Le général Ducrot, le même jour écrivait au ministère de la guerre.

« Strasbourg, 20 juillet 1870, 7 heures 30 du soir.

» Demain, il y aura à peine cinquante hommes pour garder la place de Neuf-Brissac et le fort Mortier. — La Petite Pierre et Lichlemberg sont également dégarnis ; c’est la conséquence des ordres que nous exécutons. Il paraît positif que les Prussiens sont déjà maîtres de tous les défilés de la Forêt Noire. »

Dans les premiers jours d’août moins de deux cent vingt mille hommes gardaient les frontières.