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ployer leur énergie à faire le triage des maîtres ni combattre pour le choix des tyrans ; chaque individu y était libre dans le libre groupement.

Ce fut une chose émouvante que ces quelques hommes se dressant devant l’Empire en ses tribunaux, Tolain, qui présentait d’ordinaire les conclusions, termina ainsi cette fois :

« Le mot d’arbitraire, dit-il, vous blesse. Eh bien, pourtant, que nous est-il arrivé ? Un jour, un fonctionnaire s’est levé avec l’esprit morose, un incident a rappelé à sa mémoire l’Association internationale, et même ce jour-là il voyait tout en noir, d’innocents que nous étions la veille, nous sommes devenus coupables sans le savoir : alors, au milieu de la nuit, on a envahi le domicile de ceux qu’on supposait être les chefs, comme si nous conduisions nos adhérents, tandis qu’au contraire, tous nos efforts tendent à nous inspirer de leur esprit, et à exécuter leurs décisions, on a tout fouillé et saisi ce qui pouvait être suspecté ; on n’a rien trouvé qui pût servir de base à une accusation quelconque.

» On ne trouve sur le compte de l’Internationale que ce qui était connu de tout le monde, ce qui a été jeté aux quatre vents de la publicité.

» Avouez donc qu’en ce moment on nous fait un procès de tendance, non pour les délits que nous avons commis, mais pour ceux qu’on croit que nous pourrions commettre. »

Ne croirait-on pas assister aux procès modernes de libertaires, dits également procès de malfaiteurs ?

Le jugement fut confirmé, quoique à la connaissance de tous les documents considérés comme secrets eussent tous été publiés.

La propagande faite par le tribunal rendit l’Internationale plus populaire encore, et le 23 mai suivant, de nouveaux prévenus comparurent sous les mêmes