Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/242

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Je la trouve également dans le Moniteur officiel de la République, sous la Commune, cette appréciation par un témoin oculaire :

« Bien que j’aie toujours cru le catholicisme congréganiste capable de tout, depuis qu’il enlevait à Jeanne d’Arc prisonnière ses vêtements de femme afin de l’obliger à revêtir des habits d’homme et de pouvoir le lui reprocher plus tard, j’avais quelque peine à admettre les révélations qui m’étaient apportées sur le couvent de Picpus. Le plus simple était de m’y rendre, je m’y rendis donc.

» J’y fus reçu par le capitaine du bataillon, qui me prouva n’avoir, en quoi que ce fût, molesté les sœurs, n’exigeant rien d’elles et ne les considérant pas du tout comme prisonnières.

» Je n’aurais guère songé qu’à étendre la liberté qui leur était laissée et, si l’une d’elles eût manifesté la moindre plainte, je me serais certainement employé pour qu’on y fit droit ; mais, pour les nonnes cloîtrées, mon nom était un épouvantail. L’annonce de mon arrivée parmi elles y sema la terreur.

» Elles déléguèrent, pour me faire les honneurs de l’établissement, une tourière quelconque, bâtie sur pilotis et d’une carrure à faire reculer les plus braves.

Je dois reconnaître que son audace répondait à son développement physique.

» L’espèce d’appareil dont j’étais entouré quand elle se présenta à moi ne l’intimida pas le moins du monde.

Elle débuta même par ces mots, jetés d’un ton hautain qui me plut par l’énergie morale qu’il m’indiquait.

» — Vous avez des questions à me poser, monsieur ?

» — Mademoiselle, lui dis-je poliment, bien que la plus cruelle injure à faire à une sœur soit de l’appeler mademoiselle, des bruits assez lugubres courent sur le régime de votre couvent ; je tiendrais à m’assurer par moi-même qu’ils sont complètement faux. Est-ce que