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eux. Des petits avaient les sourcils, les mains brûlés ; on ne savait comment il ne leur arrivait rien de pire ! — De temps à autre ils allaient se récréer au théâtre Guignol, qui tint jusqu’à fin mai, avenue de l’Étoile, une femme les conduisit à l’Hôtel-de-Ville.

Jusque-là, l’armée de la Commune était l’armée de la liberté ; elle allait devenir l’armée du désespoir.

Je termine ce chapitre par deux citations de Rossel : la première antérieure à son entrée dans l’armée de la Commune et qui contient son jugement sur elle ; c’est un fragment de sa lettre du 19 mars 71 du camp de Nevers au général ministre de la guerre à Versailles :

« Il y a deux partis en lutte dans le pays, je me range sans hésitation du côté de celui qui n’a pas signé la paix et qui ne compte pas dans ses rangs des généraux coupables de capitulation. »

La seconde qu’il avait sur l’armée régulière au moment de sa mort, il en fit part à son avocat Albert Joly : « Vous êtes républicain, lui dit-il, si, avant peu, vous n’avez pas refait l’armée, c’est l’armée qui défera la République. Je meurs pour les droits civiques du soldat, c’est bien le moins que vous me croyez là-dessus. »


XI

derniers jours de liberté

Ainsi qu’au fond des bois se rassemblent
les loups — les fauves en rumeur venaient
hurlant pour l’ordre.


Les fédérés furent héroïques. Mais ces héros eurent des faiblesses, souvent suivies de désastres.

Les maisons des francs-fileurs, malgré le décret qui autorisait les sociétés ouvrières à se servir des appartements abandonnés, avaient été respectées ; on monta