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prêté à un taux trois ou quatre cents fois usuraire, tout au plus quinze cent mille francs au gouvernement du général Miramon, qui lui avait en échange reconnu soixante-quinze millions.

» Lorsque le président de la République mexicaine, Juarez arriva au pouvoir, il refusa naturellement le paiement des billets à ordre dont les signatures avaient été aussi effrontément extorquées.

» Jecker, muni de ses soixante-quinze millions en papier, alla trouver Morny, auquel il promit trente pour cent de commission s’il arrivait à persuader l’Empereur d’exiger de Juarez l’exécution du traité passé avec Miramon.

» En 1870, chargé de dépouiller les papiers trouvés aux Tuileries, laissées vides par la fuite de l’Impératrice et de ses serviteurs, dont la plupart avaient juré de mourir pour elle, j’ai eu la preuve matérielle de cette complicité de Morny, qui moyennant la promesse à lui faite par Jecker de lui remettre vingt-deux millions sur les soixante-quinze, nous engagea dans une guerre liberticide, qui devait nous coûter plus d’un milliard et préparer Sedan.

» Ce Jecker, qui était suisse, avait du jour au lendemain obtenu des lettres de naturalisation française, et c’est en son nom que la réclamation avait été présentée à l’intrépide Juarez. L’affaire a été du reste à peu près exactement recommencée sous couleur d’expédition Tunisienne. »

(H. Rochefort, Aventures de ma vie, 1er vol.)

Un duel à l’américaine entre le journaliste Odysse Barot et le financier Jecker fit, quelque temps après la guerre du Mexique, d’autant plus de bruit que Barot qui était considéré d’avance comme mort ayant reçu une balle en pleine poitrine, se trouva tout à coup mieux et enfin se rétablit tout à fait pour proclamer que les ennemis de l’Empire avaient la vie dure. On