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Combien il y avait longtemps qu’on disait, froidement résolus, ces vers des Châtiments :

Harmodius, c’est l’heure.
Tu peux frapper cet homme avec tranquillité.

Ainsi on l’eût fait, comme on ôterait des rails une pierre encombrante.

La tyrannie alors n’avait qu’une tête, le songe de l’avenir nous enveloppait, l’Homme de Décembre nous semblait le seul obstacle à la liberté.


II

la littérature à la fin de l’empire
manifestations de la paix

Venez, corbeaux. Venez sans nombre.
Vous serez tous rassasiés.
(L. M. Chansons de 78.)

Les colères entassées fermentant dans le silence depuis vingt ans, grondaient de toutes parts ; la pensée se déchaînait, les livres qui d’ordinaire n’entraient en France que secrètement, commençaient à s’éditer à Paris. L’Empire effrayé mettait un masque, il se faisait appeler libéral ; mais personne n’y croyait, et chaque fois qu’il évoquait 89 on pensait à 52.

L’Échéance de 69 de Rogeart résumait dès 66, le sentiment général.

La déchéance de 69, disait-il, est une date fatidique ; il n’y a qu’une, voix pour la chute de l’empire en 69. On attend la liberté comme les millénaires attendaient le retour du Messie. On le sait comme un astronome sait la loi d’une éclipse ; il ne s’agit que de tirer sa montre et de regarder passer le phénomène en comp-