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blanches d’écume, sous les hurlements du vent, on se sent vivre au fond des temps dans les éléments déchaînés.

Par les tourmentes révolutionnaires au contraire l’attirance est en avant.

L’épigraphe de ce chapitre rend l’Impression qu’éprouvaient à la fin de l’empire ceux qui se jetaient dans la lutte pour la liberté.

L’empire s’achevait, il tuait à son aise.
Dans sa chambre, où le seuil avait l’odeur du sang,
Il régnait ; mais dans l’air soufflait la Marseillaise,

Rouge était le soleil levant.

La liberté passait sur le monde, l’internationale était sa voix criant par dessus les frontières les revendications des déshérités.

Les complots policiers montraient leur trame ourdie chez Bonaparte : la république romaine égorgée, les expéditions de la Chine et du Mexique découvrant leurs hideux dessous ; le souvenir des morts du coup d’état, tout cela, constituait un triste cortège à celui que Victor Hugo appelait Napoléon le Petit : il avait du sang jusqu’au ventre de son cheval.

De partout, en raz marée, la misère montait, et ce n’étaient pas les prêts de la société du prince impérial, qui y pouvaient grand’chose ; Paris, pourtant, payait pour cette société de lourds impôts, et doit peut-être encore deux millions.

La terreur entourant l’Élysée en fête, la légende du premier empire, les fameux sept millions de voix arrachés par la peur et la corruption formaient autour de Napoléon III un rempart réputé inaccessible.

L’homme aux yeux louches espérait durer toujours, le rempart pourtant se trouait de brèches, par celle de Sedan enfin passa la révolution.

Nul parmi nous ne pensait alors que rien pût égaler les crimes de l’empire.