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tance du mouvement révolutionnaire ; il objecta qu’on était trop peu.

Mais le premier coup d’audace n’avait-il pas réussi déjà ? L’extrême décision fait, à la force, l’effet d’une fronde à la pierre qu’elle lance.

Le matin du 22, une affiche furieuse de Clément Thomas, qui remplaçait Tamisier au commandement de la garde nationale, était placardée dans Paris.

Cette affiche mettait hors la loi les révolutionnaires ; ils y étaient traités de fauteurs de désordre, appel était fait aux hommes d’ordre pour les exterminer.

Cela commençait ainsi :

« Hier soir, une poignée de factieux ont pris d’assaut la prison de Mazas et délivré leur chef Flourens. »

Suivaient injures et menaces.

La prise de Mazas et la libération de Flourens avaient rempli d’effroi les membres du gouvernement ; s’attendant à voir une seconde édition du 31 octobre, ils en référèrent à Trochu, qui fit bonder l’Hôtel-de-Ville de ses mobiles bretons.

Chaudey y commandait, son hostilité pour la Commune étant connue.

À midi, une foule énorme, en grande partie désarmée, emplissait la place de l’Hôtel-de-Ville.

Grand nombre de gardes nationaux avaient leurs fusils sans munitions, ceux de Montmartre étaient armés.

Des jeunes gens montés aux réverbères criaient : Déchéance ! La tête crépue de Bauer s’y montrait fort animée.

De temps à autre, une clameur passait.

Tous ceux qui avaient promis, aussi ceux qui n’avaient rien dit, étaient là, aussi bon nombre de femmes : André Léo, mesdames Blin, Excoffon, Poirier, Danguet.