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Combien de fois n’a-t-on pas mélangé l’intérêt qu’offrent les livres par leur provenance avec leur strict mérite artistique ! Pour beaucoup l’admiration augmente avec le prix d’achat. Vous présente-t-on une reliure ayant appartenu à Grolier, on ne vous dira pas : « Voyez qu’elle est intéressante, qu’elle est curieuse, elle appartient à telle école, c’est un bon spécimen. » Non ; tout de suite : « Est-ce beau, hein ! ces reliures anciennes, il n’y a que cela !… Six mille à la vente X… Comment un objet si cher ne serait-il pas un chef-d’œuvre ! » Ô puissance de l’étiquette et du mercantilisme, tous les Groliers, même ceux qui ne sont visiblement pour un connaisseur que des répliques, et elles sont nombreuses dans sa bibliothèque, tous sont cotés à des prix énormes à cause de la devise. On ne juge pas, on ne compare pas, on admire. Les salles d’exposition de la Bibliothèque Nationale, qui sont pour la reliure ancienne ce qu’est pour la peinture le Salon carré du Louvre, montrent bien cependant que, si grande que soit la place occupée par les Groliers dans l’histoire de la reliure ancienne, les