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Céline était déjà assez forte, Noémi, quoique beaucoup moins, pouvait s’en tirer aussi.

Autre désappointement pour Euphrosine que la vanité punissait, en ce moment, de la paresse.

Comprenant qu’elle avait assez souffert pour réfléchir un peu aux conséquences de sa fainéantise, Rose proposa aux enfants de chanter ensemble les rondes qu’elles savaient, pendant qu’elle les accompagnerait au piano.

Cela eût amusé tout le monde.

Elle était loin de supposer qu’Euphrosine ne savait pas même une ronde !

C’était vrai pourtant ; Mademoiselle de Pouffard avait passé sa vie se dorlotant dans sa riche oisiveté, comme un lézard au soleil.

Que savait-elle ? ni travailler, ni jouer, ni penser ! rien !

Le soir était venu ; les chasseurs rentrèrent, ayant plutôt exploré les environs comme sites que poursuivi les pauvres bêtes, au grand regret de Monsieur le marquis de Pouffard, qui tirait bien, et de Messieurs Ganachon de Volembois et Pompilius d’Écorchoison, qui, heureusement, tiraient mal.

Quoique n’ayant pu exercer son adresse, devant ses hôtes, le marquis était radieux.

C’est qu’il avait rencontré dans le grand chemin du bois, un prince, un véritable prince voyageant incognito et l’amenait au château. Le prince avait bien voulu consentir à y passer quelques jours, malgré les nombreuses occupations qui l’appelaient à Paris.

C’était un prince russe, il se nommait Oscar, duc de Sadoga, et, ne devant passer que peu de temps en France, il