Page:Michel - Contes et légendes.djvu/70

Cette page a été validée par deux contributeurs.

foule d’autres belles productions. Mais on déclara, à l’unanimité, qu’après avoir bien jugé, c’était la Feuille des Grâces qui l’emportait.

L’une de ces dames récita alors de sa voix la plus flûtée la dernière pièce de vers du journal, c’était : « la Chenille harmonieuse. »

Comment l’auteur avait-il fait pour rendre une chenille harmonieuse !

C’est ce dont je me garderais bien de m’occuper ; tout ce qu’on a pu savoir, c’est que le premier vers était :

« Magnifique chenille, écoute mes accents. »

L’auteur se nommait Hyacinthe d’Hélicou.

Après tout, il lui était bien permis de dédier ses œuvres aux chenilles tout comme à d’autres, et il ne manquait pas d’admirateurs.

Après la littérature on parla musique : toutes trois s’accordaient à adorer le piano, quant au violon, cela leur donnait des attaques de nerfs ; le violoncelle, il n’en fallait pas parler ; l’orgue leur faisait mal à la tête ; mais le flageolet par exemple, voilà un bel instrument !

Le choix de la musique leur était indifférent pourvu que cela fît du bruit ou des roucoulements ; cependant elles n’aimaient pas les maîtres allemands. Quelques vieux airs de Jadin, qu’elles avaient entendus, leurs semblaient préférables à tout Weber, Meyerbeer, etc., elles espéraient que ce joli genre reviendrait. Elles ne comprenaient rien à Wagner, mais elles le détestaient d’instinct, parce qu’il y a toute une création échevelée, rapide, inouïe, jetée à pleines