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Les jeunes gens commençaient à trouver que tout ce qui souffre, même d’une manière ridicule, ne peut plus faire rire. Paul et ses amis ne s’amusaient pas du tout et se promettaient bien de trouver des prétextes, fort polis, pour ne pas revenir le lendemain.

L’un devait être appelé près d’un malade.

L’autre, éprouver une maladie subite.

Un troisième, être obligé, bien à regret, d’entreprendre un voyage.

Il devait en être autrement.

Au salon, lorsque les jeux innocents furent épuisés, que ces dames eurent assez minaudé sur la sellette, assez fait semblant de se tromper pour faire l’enfant, en jouant à pigeon-vole et au corbillon, on parla littérature.

Décidément Madame de Pouffard était en veine, ses invitées étaient aussi des abonnées de la Feuille des Grâces.

On loua la manière charmante dont le journal portait son nom.

Rien en effet n’était plus gracieux et plus frais.

Jusqu’à la vignette du titre, laquelle représentait une guirlande de camélias roses ; jusqu’au feuilleton, toujours entouré d’une vignette délicate et qu’il était défendu de signer autrement que du nom d’une des trois grâces, Aglaé, Chloé, Euphrosine.

Euphrosine, nom chéri, si joliment porté par Mademoiselle Pouffard.

Madame de la Truffardière, qui passait pour un esprit profond, insinua bien qu’elle lisait quelquefois aussi le « Papillon d’Or, l’Oiseau- Mouche, le Nuage, » et une