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elle tenait largement sa place, quoique Rose l’avertit de temps à autre.

Un de ses traits d’esprits les plus marquants, mais qui fit rougir ses parents jusqu’au blanc des yeux, suivant la remarque de M. Ganachon de Volembois, fut celui-ci :

— « Tiens !… papa, je croyais qu’être princesse ça s’achetait comme tu as fais pour devenir marquis ! mais que ça coûtait plus cher ! » Rose sentit qu’il n’y avait qu’à la laisser aller pour faire changer l’opinion de ses parents sur l’éducation.

Un silence embarrassé suivit cette sortie. On venait justement de parler des croisades, et M. le marquis avait raconté comme quoi son aïeul, Stanislas de Pouffard, y avait reçu la croix de Saint-Louis des mains même de Charlemagne, récit qui avait occasionné une vive sensation à tout le monde. Certes, il y avait de quoi !

Monsieur de Pouffard, satisfait de l’effet qu’il produisait, ajoutait comme quoi, son arrière-grand’mère, Hémiltrude de Paillenval, dame d’honneur d’Isabeau de Bavière, avait mérité la confiance et l’estime toute particulière de cette vertueuse princesse, lorqu’elle fut régente de son fils Louis IX. Et ce renversement monstrueux d’histoire faisait ouvrir à Céline et à Noémi des yeux immenses, tandis qu’une épouvantable envie de rire tordait toutes les bouches. La souffrance du pauvre marquis, après la sortie de sa fille, réprima l’hilarité générale.

On trouva moyen de changer la conversation.

Mais mademoiselle Euphrosine n’était pas accoutumée à