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Rose André avait emmené au jardin Céline, Noémi et Euphrosine.

Cette dernière, en dépit de sa bêtise, s’amusait presque de la gaieté de ses deux compagnes, car les deux enfants avaient de suite été fort camarades. Elles entraînaient dans la joie franche de la conversation. Euphrosine, quoiqu’elle fût toute étourdie d’entendre d’autres discours que ceux de sa mère et de Sylvie.

Cette première heure était le commencement d’un triomphe.

Le dîner arriva, les mets étaient entassés avec une telle profusion qu’il en eut pour quatre heures à les voir défiler et absorber en partie.

Les jeunes gens eurent un peu pitié des maîtres de la maison et causèrent de manière à ce qu’ils crurent eux-mêmes être aimables ; messieurs Ganachon de Volembois et Pompilius d’Écorchoison mangèrent beaucoup.

Mesdames de la Truffardière et de Bêtenville minaudaient en compagnie de la marquise, et jouaient avec des bouquets des champs en récitant de doucereuses pièces de vers sur les fleurs et la beauté.

Lors même qu’elles eussent été belles, leur bêtise les eût défigurées, et, en fait de comparaisons avec les fleurs, il vaut mieux ressembler à quelque chose de moins fragile et de plus intelligent.

Les petites filles, placées près de Rose, faisaient le moins de bruit possible pour ne gêner personne. Quant à Euphrosine, n’ayant point la coutume de s’occuper des autres,