Page:Michel - Contes et légendes.djvu/45

Cette page a été validée par deux contributeurs.

crèche, tous deux s’occupent de la maison des vieillards, car le brave homme a laissé ces quatre fondations.

À l’époque dont nous parlons le père Remy était encore fort, quoiqu’il eût quatre-vingt ans sonnés, et, pour se reposer le soir, il faisait volontiers une petite lecture ou racontait quelque anecdote.

Un soir, il y avait nombreuse compagnie à la veillée du père Remy, toute une noce du village était venue lui souhaiter le bonsoir et lui apporter un bouquet.

Il en profita pour parler d’une de ses nouvelles idées : la fondation d’une crèche et d’un asile dans son village (sans capital bien entendu), mais avec beaucoup de courage et autant d’intelligence que possible.

Comme on avait déjà eu l’exemple de son atelier qui n’avait rien coûté à personne ; que quelques privations pour lui au commencement, les villageois ne devaient point trop s’effrayer d’une nouvelle idée du père Remy.

Et puis, afin de les bien disposer, il commença, en réponse, au compliment qu’on lui avait fait ; par improviser avec accompagnement de violon dont le bonhomme jouait avec assez de sentiment, quelques couplets pour la mariée.

Je ne sais trop quel compliment avait été fait au père Remy : le marié avait passé huit jours à l’apprendre, afin de le réciter tout du long sans s’arrêter, tout à fait comme le moulin du village ; et le père Christophe, l’homme le plus lettré de l’endroit, avait été un mois entier à le composer, il savait et mettait en pratique le fameux précepte :

« Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage. »