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Notre homme alla donc trouver le maire. Celui-ci, qui était un brave homme, se mit en tête de faire faire une bonne action à Mathieu. Cela devait étonner tout le pays.

« Père Mathieu, lui dit-il, avant de placer tout ça, vous devriez faire une chose qui vous porterait bonheur. Il y a ici la mère Nicole, qui est veuve avec sept enfants ; un loup enragé a mordu sa vache et les pauvres gens n’ont plus rien. Vous devriez lui acheter une génisse, ça ne coûte pas cher et vous porterait bonheur. »

Puis, comme il était bavard, le brave homme raconta à Mathieu quelle fière chasse on avait faite à ce loup qui avait inquiété toute la contrée ; tous les louvetiers du département y étaient, ils s’étaient séparés en deux bandes et on avait fini par tuer le loup pendant la nuit. Les chevaux et les chiens en avaient une telle frayeur qu’ils en avaient les crins et le poil tout droits. Les chiens n’ont pas donné de voix, ce qui prouvait que l’animal était vraiment enragé.

Le père Mathieu comprit que c’était là sa chasse de Robin-des-Bois, qu’il avait pensé perdre la vie et son argent ; sans savoir ce qu’il faisait, il compta cent francs pour la génisse de Nicole, comme s’il eût payé quelque chose.

Quand il se ravisa, il n’était plus temps. Nicole eut sa vache, et le maire aida le vieil avare à trouver un sûr placement pour son trésor : il avait dans son bas cent mille francs en or et billets de banque.