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grands’mères, que c’est la chasse du grand veneur qui passe avec grand bruit.

Parfois la tempête hurle comme les loups, résonne comme les trompes ; alors on dit, sous les grandes cheminées, où toute la famille se chauffe à la fois : c’est Robin-des-Bois qui chasse.

Cette croyance servit, il y a quelques années, à faire rentrer en lui-même un vieux paysan avare qui, ayant enterré son trésor au pied d’un chêne, s’imaginait qu’on a de la fortune pour mettre dans un vieux bas, renfermé dans un pot, sous la terre, ce qui peut servir à soulager les autres.

Quand je dis rentré en lui-même, cela ne signifie pas qu’il ait beaucoup mieux valu : car l’intérieur d’un avare n’est jamais bon ; mais enfin, il fit, grâce à la peur, une bonne action.

La peur ! c’est un motif honteux ! Qu’attendre de plus d’un avare ?

Le père Mathieu était riche, comment en eût-il été autrement ? On disait que quand il dépensait un sou, il en mettait toujours la moitié de côté.

Comment faisait-il ? Je n’en sais rien. Comment avait-il gagné ses terres et tout l’argent que dans le bois il cachait au pied d’un vieux chêne ? Je n’en sais pas d’avantage.

Dans tous les cas, son argent, caché là, n’était pas même bon à nourrir les vers ou à faire pousser les truffes.

Chaque fois que le père Mathieu avait quelque pièce d’or à ajouter à son trésor, il attendait une nuit sombre et s’en allait au pied du chêne où, à la lueur d’une lanterne