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qué Chéchette, la prenant sans doute pour un membre de leur famille.

La personne à laquelle elle avait jusque-là témoigné le plus d’affection était une pauvre veuve, mère de trois petits enfants.

Lorsque Madeleine Germain allait ramasser du bois mort, Chéchette se trouvait toujours là pour l’aider à faire ses fagots, ou plutôt pour lui en faire d’énormes, qu’elle portait jusqu’à sa maison avec une aisance incroyable.

Le bois était son domaine ; elle y avait tout à fait un autre air qu’au village. Là Chéchette semblait plutôt un être surnaturel qu’un être grotesque.

Les méchants du village plaisantaient beaucoup Madeleine sur cette amitié ; ils riaient surtout lorsqu’elle laissait l’horrible vieille bercer dans ses longs bras les petits enfants, qui jouaient avec elle comme avec un chien fidèle.

Ceux-ci n’en riaient pas moins joyeusement et Madeleine s’inquiétait fort peu des mauvais plaisants.

Une nuit d’été, que tout le monde dormait profondément, après les fatigues d’une chaude journée employée à travailler dans les champs, on entendit retentir le seul cri qui fait lever tout le monde à la campagne : Au feu ! au feu !

Pourquoi tous les autres périls qui peuvent atteindre leurs semblables laissent-ils insensibles les habitants des campagnes ?

Ce serait horrible de croire que c’est un sentiment d’égoïsme, parce que dans l’incendie chacun craint pour sa propre demeure. Toujours est-il que, souvent, des malheu-