XIII
Mon bien cher Michel-Ange,
Si je ne vous ai pas écrit depuis longtemps, c’est l’occasion qui m’en a manqué, encore que je vous aie toujours dans mon cœur, et vous y resterez tant que je vivrai. Mais, me trouvant ces jours derniers avec le cardinal Grimano, nous en vînmes à parler de vous. Il me pria alors de vous écrire pour savoir si vous étiez toujours disposé à lui faire un petit tableau pour son cabinet d’études, selon la demande qu’il vous en avait déjà faite. Il dit que vous le lui avez promis, et il s’en remet à vous pour la matière et pour la fantaisie, soit peinture, soit sculpture, ce qui vous sera le plus commode à faire. Pour le prix, il s’en remet aussi à vous ; ce que vous lui demanderez il vous le donnera, et en outre il restera votre très obligé. Cependant, mon cher Michel-Ange, désireux que je suis d’être utile et agréable à vous et au cardinal aussi, pour tant que cela vous sera commode, laissez-moi la charge du payement. Je vous ferai réglera Florence ce que vous demanderez. Assurément, il a autant le désir d’une œuvre de vous, que de sa propre santé. Votre réponse étant facile à faire, j’aurai un singulier plaisir à la recevoir. Rappelez-vous que je suis toujours à votre service et que je ne désire rien tant que de vous satisfaire en ce que vous demanderez. Que Dieu vous conserve en bonne santé.
(Arch. Buonarroti.)
XIV
… Je suis vieux et mal dispos. Si je travaille un jour, il faut que je me repose quatre. C’est pourquoi, je ne me fie guère à promettre tant de choses que je ne saurais tenir. Je m’ingénierai cependant à vous servir à toute force, et à vous montrer que je reconnais la sympathie que vous avez pour moi.
(Arch. Buonarroti.)
- ↑ Confident de Michel-Ange dans ses rapports avec Vittoria Colonna.