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MICHEL-ANGE À SON FRÈRE GIOVAN SIMONE


Giovan Simone, quatrième fils de Ludovic Buonarroti, naquit le 11 mars 1379 (style de Florence). Dans sa jeunesse, il s’éprit des lettres et fut, du moins selon ce qu’on en a écrit, un rimeur facile et agréable ; mais, à la vérité, on n’a jamais eu la bonne fortune de retrouver le moindre essai poétique écrit par lui. Amoureux de plaisirs et de voyages, il parcourut maints pays d’Europe. En 1508, après avoir essuyé les reproches de Michel-Ange, — comme en fait foi la lettre que celui-ci lui écrivit, — il est présumable qu’en désespoir de cause il quitta la maison paternelle et Florence. Il est certain que vers la fin de cette année, il se trouvait à Lisbonne, prêt à s’embarquer pour les Indes. Cependant il semble qu’il n’entreprit pas ce périlleux voyage. Il est certain qu’en 1512 Giovan Simone était en Italie et écrivait à son père que, bien que tard, il s’adonnait aux mathématiques pour se préparer au commerce, persuadé qu’il était que les lettres ne lui pourraient rien rapporter. On ne sait exactement pas ce qu’il fit ensuite. Il se livra au commerce avec ses frères et tint un négoce avec eux ; mais, dissipateur et mauvais fils, il donna à Michel-Ange motif de graves ennuis. Il mourut le 9 janvier 1548. (Vid. Gotti, loco cit.)

Michel-Ange à Jean Simon, fils de Ludovic Buonarroti, à Florence.
Rome, juillet 1508.0000

On dit qu’à faire du bien aux bons, on devient meilleur ; et aux méchants, plus mauvais. J’ai essayé, voici déjà plusieurs années, avec de bonnes paroles et de bonnes façons, à te remettre en bonne voie et en paix avec ton père et nous autres ; et toutefois tu deviens pire. Je ne te dis point que tu es un vilain ; mais tu es tel que tu ne nous plais plus, ni à moi, ni aux autres. Je pourrais te faire un long discours sur tes faits, mais ce seraient encore des paroles semblables à celles que je t’ai déjà dites. Pour abréger, j’ai à te dire une chose certaine, c’est que tu n’as au monde rien en propre. Tes dépenses et ta part de la maison, je te les donne, comme je l’ai fait depuis quelque temps, pour l’amour de Dieu, croyant que tu étais mon frère comme les autres. À présent, je suis certain que tu n’es point mon frère ; parce que si tu Tétais, tu ne menacerais pas mon père. Tu es, au contraire, une bête, et comme une bête je te traiterai. Tu dois savoir que quiconque voit menacer ou frapper son père est tenu à y mettre sa vie. Assez, là-dessus ! Je te dis que tu n’as rien en propre, au monde ; et comme je n’entends ici qu’une faible partie de tes actions, je saurai prendre la poste et venir jusqu’où tu es, pour te montrer ton erreur et t’apprendre à ruiner ton bien et à mettre le feu à la maison et aux possessions que tu n’as pas gagnées. Et si je viens, je te ferai bien voir chose dont tu pourras pleurer à larmes chaudes, et tu apprendras à connaître celui sur qui tu prends encore orgueil. J’ai à te dire aussi que si tu veux te mettre à bien faire, et à honorer et révérer ton père, moi je