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CORRESPONDANCE


LXVII

Au même.
28 sept. 1558.0000

Messer Giorgio, mon cher ami, soyez persuadé que si je pouvais me rappeler la manière dont j’avais combiné l’escalier de la bibliothèque de San-Lorenzo, dont on m’a tant parlé, je ne me ferais pas prier pour le dire. Je me rappelle bien, comme on se rappelle un songe, un certain escalier ; mais je ne crois pas que ce soit précisément le même que je composai alors ; parce que, s’il était ainsi qu’il me revient à l’esprit, ce serait une sottise. Cependant je vous dirai qu’il me semble que je prenais une quantité de boites ovales, de longueur et de largeur différentes, mais ayant toutes une palme de hauteur. Je posais sur le pavé la plus grande boite, aussi loin de la porte que je voulais que l’escalier fût doux ou dur à monter. Je posais sur celle-là une autre plus petite en tous sens, de manière qu’il y avait sous la première de dessous autant d’espace qu’il en faut au pied pour monter, et j’allais ainsi les diminuant et les retirant vers la porte, toujours en montant. Il faut que la dernière marche soit de la même grandeur que le vide de la porte, et que ladite partie de l’escalier ovale ait comme deux ailes, l’une d’un côté, et l’autre de l’autre. Suivant les mêmes marches qui ne sont pas ovales, l’une de ces ailes sert à celui qui monte, depuis le milieu jusqu’au-dessus dudit escalier, et les retours des deux ailes reviennent au mur. Du milieu et en dessous, jusque sur le pavé, elles s’éloignent du mur, avec tout l’escalier, d’environ 3 palmes ; de sorte que la base de la retraite n’est occupée en aucun endroit et reste absolument libre, de tous côtés. Je vous écris des choses vraiment risibles, mais je sais bien que vous trouverez ce qu’il convient de faire.

0000(Arch. Buonarroti.)



LXVIII

Cornelia, femme d’Urbin, à Michel-Ange.
Castel-Durante, le 13 décembre 1557.0000

L’été passé, l’Illsimeet Révsime cardinal) Turnone ayant entendu dire que mes enfants avaient deux tableaux de vos dessins, rit grandes instances pour les voir et y employa Rosso et plusieurs de nos parents, qui me prièrent de donner à Sa Seigneurie Illsime la satisfaction de les voir. Les avant vus, il les trouva fort à son goût et il mit aussitôt dans sa pensée de les acquérir à prix d’argent. Je ne voulus jamais consentir à une telle vente, encore que j’en eusse été priée maintes fois par d’autres ; je m’y obstinai même toujours davantage. Plus le cardinal réitéra son offre, plus je me défendis de lui complaire, donnant toujours pour excuse que je gardais ces dessins en mémoire de vous à qui, mes enfants et moi, nous sommes si obligés ; et j’ajoutai que