I. — Michel-Ange Buonarroti, peintre et sculpteur remarquable, prit son origine chez les comtes de Canossa[1], noble et illustre famille du territoire de Reggio où elle fut célèbre, tant pour sa vertu propre et son ancienneté que pour avoir fait alliance avec le sang impérial. Béatrice, sœur de Henri II, fut donnée pour femme au comte Boniface de Canossa, alors seigneur de Mantoue, d’où naquit la comtesse Mathilde, femme d’une rare prudence et d’une grande religion. Après la mort de son mari Godfrid, elle eut, en Italie, les apanages de Mantoue, de Lucques, de Parme et Reggio, et de cette partie de la Toscane qui s’appelle aujourd’hui le Patrimoine de Saint-Pierre. Après avoir fait en sa vie bien des choses dignes de mémoire, elle fut inhumée à l’abbaye de Saint-Benoît hors Mantoue, qu’elle avait construite et largement dotée.
II. — En 1250, un membre de cette famille, venu à Florence comme podestat, messer Simone, mérita par ses vertus d’être fait citoyen de cette ville et chef de quartier, — Florence étant alors divisée en autant de sestiers appelés aujourd’hui quartiers. Il dirigea à Florence le parti guelfe, dont il avait reçu de nombreux bienfaits. De gibelin, il s’était fait guelfe et avait changé la couleur de ses armes où figurait, à l’origine, un chien blanc et rampant avec un os en bouche, sur champ d’azur, et dont il fit chien d’or sur champ de même. Pour compléter ce blason, la Signoria lui donna, dans la suite, cinq lis rouges montés sur lambel, avec cimier les surmontant de deux cornes de taureau, l’une d’or et l’autre d’azur, comme on peut les voir peintes, aujourd’hui, dans la série des écus anciens. La vieille arme que messer Simone avait fait faire en marbre, selon l’usage de la plupart de ceux qui avaient occupé une charge semblable, se voit encore au Palais du Podestat.
III. — La raison pour laquelle cette famille, arrivant à Florence, y changea son nom et, de Canossa, se fit appeler Buonarroti, est la suivante. Le nom de Buonarroto avait figuré dans cette maison, d’âge en âge, presque toujours et jusqu’au temps de Michel-Ange, qui eut un frère portant aussi ce nom. Plusieurs de ces Buonarroti avaient été signori, c’est-à-dire membres de la magistrature suprême de la République florentine. Le frère de Michel-Ange se trouva être un de ces membres, à l’époque où Léon X vint à Florence, comme en font foi les chartes de cette cité. Ce nom, ainsi continué par plusieurs, passa comme prénom à toute la famille. La chose en était d’autant plus facile que l’usage est resté à Florence, dans les scrutins et autres élections, d’ajouter au nom propre des citoyens celui de leur père,
- ↑ Le marquis Giuseppe Campori semble prouver le contraire dans son Catalogue des Artistes italiens et étrangers dans les États d’Este.