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INTRODUCTION

dernier éditeur que ce texte charmant a fini par trouver à Florence (Barbera, 1908) et où une abeille imageant Condivi butine une rose et ne semble vouloir, comme cet aimable et presque inconnu chroniqueur de Michel-Ange, d’autre nourriture à son âme amoureuse des printemps éternels que le parfum immatériel de leurs inoubliables vertus.

On ne sait presque rien d’Ascanio Condivi, si ce n’est que, né en 1520 à Ripatransone, dans les États Romains, il y revint mourir par accident, en se noyant dans la rivière de la Manochia, le 10 décembre 1574. Il avait passé sa jeunesse studieuse chez Michel-Ange, qui lui apprit à exceller moins dans la peinture dont il ne nous a rien laissé, que dans les lettres qui lui devront les plus curieuses confidences d’un si impénétrable maître. Cette âme gracieuse et donnante termine sa dernière page « en offrant de communiquer, de ses souvenirs d’atelier, tout ce qui lui reste » aux incomplets Vasari des lendemains qui n’écriront leurs pages, à leur tour, qu’en empruntant aux siennes leurs meilleures. Ils resteront ses obligés. Et nous sommes heureux d’en exprimer enfin la tardive reconnaissance de notre pays aussi, avec la traduction de ces nouveaux Fioretti de l’art, si simples et si touchants, qu’on va lire en français pour la première fois. Pour établir quelque similitude entre ces deux livres, jumeaux en grâce simple et en aimable beauté, voici le loup de Gubbio que ce terrible Michel-Ange rappelle, et voici l’agneau d’Assise qui s’appela le doux François ou le bon Condivi, avec cette devise que le Français du Lorenaccio prête au Florentin Thebaldeo, ce frère d’Ascanio par la même âme de simple artiste et le même abandon de chrétien généreux : « L’immortalité, c’est la foi : ceux à qui Dieu a donné des ailes, s’y élèveront en souriant. »


    sone. In Roma appresso Antonio Blado, Stampatore Camerale, nel M. D. L. III, alli 6 di Luglio. In-fol. di pag. 50.

    II. — La stessa Vita ristampata, nel 1746, da Anton Francesco Gori.

    III. — Vita di Michel-Angelo Buonarroti, scritta da Ascanio Condivi suo disc. Pisa (Presso Niccolo Capurro, coi caratteri di F. Didot, 1823. (Bibl. Nat. Inventaire 45424 Z). Pref. da Anton.-Francesco Gori. Dans cette préface, nous trouvons les importantes appréciations qu’on va lire :

    « Fa maraviglia che questa Vita, vero modello, sia stata obbliata dal chiarissimo Poggiali nel suo Catalogo dei migliori scrittori Italiani… Basti per tutti l’autorita del célèbre abbate Colombo che cosi ne scrisse : « Arrebbe dovuto, al piacer mio, essere annoverata fra testi di lingua anche questa Vita di Michelangelo, scritta dal suo alliero Ascanio Condivi, per la ragione stessa che vi fu annoverata quella di Benvenuto Cellini scritta da lui medesimo. » Pubblic. prima volta in Roma, nel 1553, in-4, presso Antonio Blado, vivente tuttor M. A. e quindi ristampata ed illustrata dal benemerito Anton.-Francesco Gori nel 1746.

    Dans cette dernière édition, le célèbre collectionneur Mariette écrit lui-même : « Le récit de Condivi est le plus simple et le plus exact. Plus je lis cette Vie, plus je suis convaincu que l’auteur l’écrivait presque sous la dictée de Michel-Ange. Il y règne un air de vérité que n’a point celle de Vasari. » (Ibid., p. 184.) On sait que les plus beaux dessins de Michel-Ange que possèdent le Louvre et les musées de Lille, Windsor et Londres, proviennent de la riche collection de Mariette. On en trouvera queLques-uns dans l’édition française que nous publions aujourd’hui, pour la première fois.