XLII
Je voulais, Madame, avant de recevoir ce que Votre Seigneurie a voulu plusieurs fois m’offrir, faire quelque chose de ma main pour accueillir votre don le moins indignement que je pusse. Puis, ayant reconnu que la de Dieu ne se peut acheter et que la faire attendre est un très grand péché, je vous confesse ma faute et volontiers j’accepte cette offrande. Quand je l’aurai, il me semblera que je suis au paradis en pensant que je l’ai, non pas dans ma maison, mais dans la vôtre. C’est de quoi je resterai à votre Seigneurie plus obligé encore que je ne le suis déjà. Le porteur de ce moi est Urbin, qui vit avec moi. Votre Seigneurie pourra lui dire quand elle voudra que je vienne voir la fête à laquelle elle m’a promis de me faire assister.
(Arch. Buonarroti.)
XLIII
Madame la Marquise,
Il ne semble pas qu’étant à Rome, je puisse laisser le crucifix à messer Thomas [1] et accepter qu’il partage avec moi la faveur de vous servir. Je voudrais faire pour vous plus que pour aucune autre personne au monde. Mais les grandes occupations qui m’ont tenu et me tiennent encore n’ont pas laissé connaître ces raisons à Votre Seigneurie. Et parce que je sais que vous n’ignorez pas que l’amour ne veut pas de maître et que qui aime n’en dort pas, les moyens de m’excuser me faisaient encore plus défaut. Bien que je parusse ne plus m’en souvenir, je faisais ce que je ne disais point, pour arriver plus agréablement avec une chose moins attendue. Hélas ! mon dessin est gâté :
Le serviteur de Votre Seigneurie.
(Arch. Buonarroti.)
XLIV
Mon Sieur,
En voyant l’esquisse entière de tout votre Jugement dernier, j’ai fini par comprendre la fameuse grâce de Raphaël, dans l’adorable beauté de l’inven-
- ↑ Tommaso de Cavalieri, beau jeune homme de la noblesse romaine, ami de la marquise et de Michel-Ange.