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MICHEL-ANGE.

Seigneurie, pour l’amour de la vérité, de lire ces choses quand il en sera temps, afin que, à l’occasion, elle puisse me défendre contre ceux qui disent du mal de moi sans preuve aucune et qui, avec leurs fausses informations, m’ont fait passer aux yeux du duc pour un bandit. La raison de toutes les discordes qui naquirent entre le pape Jules et moi fut la jalousie que Bramante et Raphaël d’Urbin exercèrent contre moi. Ce fut la cause pour laquelle le tombeau de ce pape ne fut pas continué, durant sa vie. On voulait me ruiner. Et il avait bien raison de le faire, ce Raphaël qui, de tout ce qu’il savait en art, ne le savait que par moi [1].

0000(Bibl. Nat. de Florence.)



XXVI

À Phébus (de Poggio).
Florence, décembre 1533.0000

Vous me portez grande haine, et je ne sais pourquoi. Je ne crois pas que ce soit pour l’amour que je vous garde, mais pour les paroles d’autrui auxquelles vous ne devriez pas ajouter foi. Je ne peux cependant m’empêcher de vous écrire ceci. Je pars demain et vais à Pescia trouver le cardinal de Cesis et messer Balthazar. Avec eux, J’irai jusqu’à Pise et ensuite à Rome, et je ne retournerai plus par ici. Je vous fais savoir que tant que je vivrai, partout où je serai, je me mettrai toujours à votre service avec autant de foi et d’affection qu’aucun autre ami en puisse avoir au monde. Je prie Dieu qu’il vous ouvre les yeux pour une autre réponse, afin que vous sachiez que celui qui désire votre bien plus que son salut propre sait aimer comme un ami, et non haïr comme un ennemi.

0000(Arch. Buonarroti.)



XXVII

Pierre l’Arétin à Michel-Ange.
Venise, 15 sept. 1537.0000

… Je sens bien qu’avec cette fin du monde que vous peignez présentement vous voulez en surpasser le commencement que vous avez déjà laissé sur les voûtes (de la Sixtine) ; de telle sorte que vos peintures, vaincues par vos peintures, vous donneront la gloire de triompher de vous-même.

  1. Le premier des trois contrats passés avec Michel-Ange, pour le tombeau de Jules II, qui ne fut jamais exécuté, porte la date de la 1re année du pontificat de ce pape. — Le deuxième, passé avec le neveu de Jules II, Léonard de la Rovère, cardinal d’Agen, fut rédigé le 8 juillet 1516. — Le troisième enfin, que Michel-Ange passa avec Giovan Maria Della Porta et Girolamo Staccoli représentant le duc d’Urbin, autre neveu du pape La Rovère, est du 29 avril 1532. Cette date est aussi, à peu près, celle de la présente lettre, que Michel-Ange écrit ici à ce sujet.