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moi, je vais remplir la tâche que je me suis réser- vée, et je visiterai l’Égypte.

La gabare la Truite a quitté la rade de Caïpha dans la matinée du Iermars ; le temps était beau et le vent favorable ; nous avons salué la montagne d’Élie et le château des Pélerins ; notre bâtiment poursuivant sa route, a longé de loin la côte où sont les débris de Césarée et d’Arsur, les collines de sable où gisent les ruines d’Ascalon. Le second jour de notre navigation, nous étions en face de la terre de Damiette, sans pouvoir découvrir l’embou- chure du Nil ; nous n’avons pu voir non plus la rade et la côte d’Aboukir ; le troisième jour, nous étions à la hauteur d’Alexandrie ; la terre d’Égypte est si basse, elle offre si peu de points visibles et saillants, qu’on est obligé d’employer la sonde, et d’interroger le fond de la mer, pour savoir si on approche du rivage.

Enfin nos lunettes nous ont fait voir la tour du Marabout ou la tour des Arabes, que les cartes pla- cent sur la côte, à quatre lieues d’Alexandrie vers le sud ; le premier objet qui a frappé ensuite nos regards, est la fameuse colonne de Pompée ; bien- tôt nous avons distingué les murailles blanchies de quelques grands édifices, des minarets, des pal- miers. Le rivage d’Égypte éclairé par une vive lu- mière, présente au premier aspect la teinte jaune des moissons, et se montre au voyageur comme la terre du soleil. C’est une physionomie toute diffé-