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respect pour ceux dont ils ont reçu le jour. Le souverain absolu de la Turquie n’est pas plus respecté dans son empire que le père de famille ne l’est dans sa maison. L’inquiétude paternelle du professeur turc s’accroissait encore par le souvenir d’un vieux père qu’il avait perdu récemment. Il m’a parlé, les larmes aux yeux, de cette perte douloureuse. « Ah ! que n’est-il encore dans ce monde, s’est-il écrié ; il serait la lumière de ma vie, le flambeau de mes actions ; il serait pour moi comme la fontaine d’où découlent les grâces et les bien faits. S’il était pauvre, il mangerait mon pain, et ma demeure serait la sienne s’il était infirme et malade, je le servirais comme son esclave. » Il prononçait ces paroles touchantes du ton le plus pénétré, il regardait en même temps son fils, auquel il voulait inspirer ses propres sentimens.

J’ai demandé au kodja ce qu’on enseignait dans les écoles turques : « D’abord le Coran, et cette partie de l’éducation est très-soignée ; car le Coran est chez nous la religion, la loi, et même la société tout entière. — Qu’enseigne-t-on après le Coran ? — Un peu de logique, de physique et même de l’astrologie. Il y a une ignorance, a-t-il ajouté, qui s’apprend comme la science elle-même, et cette, ignorance apprise est quelquefois plus encouragée que les lumières véritables : — Les langues d’Orient n’entrent-elles pas pour beaucoup