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M. de Chateaubriant, qu’il a connu à Alexandrie lorsque notre illustre voyageur revenait de Jérusalem. Sa sainteté a cru devoir me parler et se féliciter avec moi de la conquête d’Alger. C’est aujourd’hui l’événement qui fait le plus d’honneur à la France dans toutes les contrées d’Orient. Depuis l’expédition des Français en Égypte, rien n’a remue plus vivement l’esprit des Grecs, des Arabes, et des Turcs. L’entretien est tombé ensuite sur la révolution de Paris, qui a détrôné Charles X. Le patriarche ne concevait pas trop la chute d’une monarchie après une aussi grande victoire ; il s’étonnait qu’un prince qui avait fait trembler l’Afrique pour un coup d’éventail, n’eût pas réussi à venger dans sa capitale d’autres injures et qu’une ancienne monarchie eût succombé en quelques heures comme un homme qui meurt dans un duel.

Depuis quelque temps, il nous arrive chaque jour par la poste deux ou trois révolutions. Tantôt c’est en Belgique, tantôt c’est en Pologne, tantôt en Allemagne et en Italie. On croirait que le monde marche violemment à sa fin. Toutes ces révolutions excitent ici une grande curiosité. Le patriarche m’a fait là-dessus beaucoup de questions, qui exprimaient plus que de l’étonnement. « Il y a quelques jours, me disait sa sainteté, que nous admirions l’Europe telle qu’elle était, et voilà qu’on veut en faire une nouvelle. Les sceptres de vos rois, dont nous attendions nos destinées, sont