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VILLE DE GALLIPOLI.

Gallipoli, août 18300.

Nous avons traversé le détroit qui n’a pas la largeur de deux milles, et nous sommes venus mouiller devant Gallipoli. À peine débarqué, j’ai demandé s’il n’y avait pas de consuls francs dans la ville. On nous a conduits d’abord chez l’agent consulaire de Sardaigne ; le consul sarde à Gallipoli est un juif issu d’une famille venue d’Espagne ; il nous a très-bien accueillis, mais sans nous offrir la pipe et le café, parce que nous étions au jour du sabbat. On s’est borné à nous offrir de l’eau-de-vie, ce qui n’exige ni soin ni travail, et ce qui dans l’opinion des Juifs, ne saurait porter atteinte au repos sacré du samedi. Le consul nous a présenté ses deux filles dont la plus âgée n’a que douze ans et doit bientôt se marier ; un portrait de sa majesté sarde était suspendu au-dessus du divan ; voilà, nous a dit le consul, le bienfaiteur et le protecteur de ma famille ; il a prononcé ces paroles d’un ton fort pénétré. Après une conversation d’un quart--