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là que nous l’avons laissé avec son médecin. Si jamais nous repassons par le tchiflik de Bergassi, nous nous arrêterons pour demander des nouvelles du pauvre Méhémet. On nous dira sans doute qu’il a bu le sorbet du trépas. Que Dieu le récompense de l’hospitalité qu’il nous a donnée !

Bientôt les minarets de Lampsaque ont paru devant nous. Avant d’arriver à la ville, située sur une hauteur, nous avons traversé une petite rivière qui fait tourner plusieurs moulins. La cité est mal bâtie, des rues mal-propres et non pavées, la plupart des maisons en bois, peu de mouvement, un silence égal à celui des lieux solitaires, aucune apparence d’industrie, un, peuple qui a l’air misérable au milieu d’un pays fertile : voilà ce que présente au voyageur le premier aspect d’une ville consacrée autrefois aux fêtes de l’amour, et aux joies des festins.

Nous sommes établis depuis quelques heures dans un café de Lampsaque : notre caravane est étendue sur une estrade spacieuse, en attendant le dîner qui se prépare chez notre voisin le boulanger. C’est de là que je vous écris au milieu de la fumée des chiboucs, et en savourant goutte à goutte le divin nectar de l’hospitalité.