Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/54

Cette page n’a pas encore été corrigée

sonné son frère pour avoir un pachalik et qui finit par tuer son neveu Sélim, l’amant de sa fille Zuleika. Le pacha de la fiancée d’Abydos n’est point dans les mœurs des Turcs de l’Anatolie ; il ne ressemble en rien au pacha des Dardanelles que nous venons de voir à notre passage ; Byron ne connaissait guère que les Turcs de Janina ; le féroce Ali était pour lui le type des pachas, et cet odieux caractère, qui est une exception parmi les Osmanlis, à poursuivi le poète dans toutes ses compositions où il fait figurer des Turcs.

Les trois personnages dont je viens de parler, peuvent faire juger de la marche du poème anglais. Tandis que tout est simple et facile à suivre dans le poème de Musée, l’ouvrage de lord Byron n’est qu’une grande image où tout est compliqué, tout est confus ; dans l’idylle où l’élégie grecque, l’amour se montre seul ; on ne voit là que le ciel et la mer, on n’entend que les vents et les flots, dans la fiancée d’Albydos, toutes les passions, tous les crimes du sérail servent de cortége à l’amour, et font perdre de vue jusqu’au sujet du poème. C’est un frais paysage, une scène champêtre au milieu d’un orage épouvantable et dans un tremblement de terre ; après que toutes les passions se sont déchaînées, quand le monde s’est ébranlé, que voit-on ? comment finit un drame aussi noir ? une balle meurtrière qui siffle dans les ténèbres, se charge du dénoûment, il ne reste plus qu’une rosé blanche,