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naturel de chercher à comparer le poème anglais avec le poème de Héro et de Léandre. Je me garderai bien de vous donner ici une analyse de l’ouvrage de lord Byron, beaucoup plus connu aujourd’hui que le poème grec de Musée. Je me contenterai de faire passer devant vous les trois figures que le poète anglais nous montre sur la scène. On ne trouverait pas dans les harems de la Turquie beaucoup de jeunes filles comme Zuleika ; toutefois, le caractère de la fiancée est une charmante création. Byron nous la représente belle comme la première femme souriant au serpent, douce comme la mémoire d’une amante au tombeau, pure comme la prière que l’enfance exhale ; le caractère de Zuleika, par l’innocence et la candeur, appartient à tous les temps et à tous les pays. Les couleurs du poète sont moins naturelles et moins vraies, lorsqu’il nous peint le jeune Sélm. On voit d’abord dans l’amant de Zuleika un enfant timide et soumis, un jeune homme, plein d’innocence et d’ingénuité, qu’on laisse pénétrer dans le harem, puis un personnage mystérieux qui médite des complots et qui s’est mis à la tête d’une bande de pirates ; un pareil caractère n’est vrai dans aucun pays, encore moins en Turquie qu’ailleurs. Quant à Giafir, c’est un véritable tyran de mélodrame ; c’est un pacha au front sévère, aux paroles menaçantes, pour qui rien n’est sacré, dont rien ne peut retenir l’ambition, qui a empoi-